Le commentaire en ligne de Akhenaton56 représente un corpus fascinant pour l'étude de la désinformation en temps de conflit. À travers ses interventions, cet individu manifeste une diligence remarquable pour fournir une "lecture réaliste" des événements, souvent alignée sur les narratifs émanant de Moscou. On pourrait presque se demander si Akhenaton56 n'est pas le fruit d'un programme d'échanges culturel financé par un certain service étatique, permettant aux commentateurs d'acquérir une expertise inestimable dans l'art de la rhétorique anti-occidentale. Ce profil déploie une énergie constante pour contextualiser, minimiser ou inverser les accusations portées contre la Russie, tout en soulignant avec insistance les failles morales et militaires du camp adverse.

I. Éléments biographiques que Akhenaton56 a laissés transparaître sur lui-même

Akhenaton56 a révélé quelques détails personnels au fil de ses commentaires. Il semble avoir des racines ou une connaissance de la Sibérie, mentionnant que Novossibirsk, où vivent ses parents, abrite l'une des meilleures universités du pays. En se référant à son passé militaire, il a partagé qu'il a effectué ses obligations militaires en Forêt-Noire, dans des bâtiments qu'il présume remonter au IIIe Reich, notant que c'était un endroit austère. Par ailleurs, en commentant des témoignages ukrainiens, Akhenaton56 a glissé une appréciation culinaire, mentionnant que le bortsch lui avait mis « l’eau à la bouche ». Ses commentaires sont caractérisés par une attention soutenue aux dynamiques militaires, économiques et géopolitiques complexes, citant fréquemment des publications spécialisées et des experts occidentaux pour appuyer ses analyses.

II. Apologie de la violence et des crimes de guerre

Akhenaton56 déploie une stratégie visant à légitimer les actions militaires russes et à accuser l'Ukraine de violer le droit international humanitaire.

Concernant les frappes russes sur des zones civiles ou des infrastructures critiques, l'auteur insiste sur le fait qu'il s'agit soit de dommages collatéraux involontaires, soit d'attaques visant des objectifs militaires légitimes dissimulés dans des zones résidentielles.

• Il soutient que les frappes russes sur Kiev sont souvent le résultat de débris de drones abattus par la DCA ukrainienne ou visent des immeubles militaires par destination, comme l'aurait suggéré le maire de Kiev.
• Il qualifie la mort d'humanitaires français de victimes collatérales de tirs destinés aux forces ukrainiennes stationnées dans la ville de Beryslav. Pour qu'il y ait crime, selon Akhenaton56, il aurait fallu une intention spécifique de frapper ces civils, ce qui n'était « évidemment pas le cas ».
• Akhenaton56 justifie les frappes russes en alléguant que les villes proches du front, comme Soumy ou Kharkiv, servent de bases arrière grouillant de troupes, de matériel et de postes de commandement, rendant la distinction avec les civils impossible.
• Il se réfère de manière répétée au rapport d'Amnesty International d'août 2022, affirmant que les tactiques ukrainiennes, telles que l'installation de bases militaires dans des zones résidentielles, des écoles et des hôpitaux, mettent en danger la population civile, l'utilisant comme « bouclier humain ». Il qualifie l'installation d'un dépôt de munitions près d'écoles à Soumy de « crime de guerre » ukrainien.
• Akhenaton56 normalise les exécutions sommaires présumées en Ukraine en affirmant qu'elles résultent de la pratique ukrainienne consistant à faire combattre des civils sans signes distinctifs militaires, ce qui contrevient aux lois de la guerre et rend la population civile suspecte.

III. Rhétoriques et sophismes

L'argumentaire de Akhenaton56 repose sur plusieurs sophismes et techniques de propagande, notamment l'inversion accusatoire et la théorie du complot néoconservateur.

• Accusations de "False Flag" (Opérations sous fausse bannière) : L'auteur impute systématiquement à Kiev la responsabilité de créer des incidents pour susciter l'émotion et obtenir le soutien occidental. Il compare l'affaire de la frappe sur un local gouvernemental à Kiev à celle du marché de Kostiantynivka, suggérant que le missile était ukrainien. Il soutient que la multiplication des incidents (frappes sur le siège du gouvernement, sur des retraités, affaires des drones) est une tentative de Kiev, en situation critique, de forcer la main à Washington pour obtenir plus d'aide ou des sanctions.
• Narratif de l'agression occidentale et de l'expansion de l'OTAN : Akhenaton56 présente l'intervention russe non pas comme une agression, mais comme une riposte nécessaire à l'expansion de l'OTAN et aux tentatives de déstabilisation de Moscou. Il affirme que la « cause première du conflit » est la crainte de voir l'Ukraine devenir une base arrière pour des opérations de déstabilisation contre le régime russe.
• Dénigrement des leaders ukrainiens : Les dirigeants ukrainiens (Zelensky et Yermak) sont souvent dépeints comme des "ultras revanchards", engagés dans un « jusqu’au-boutisme » déraisonnable. Zelensky est décrit comme utilisant des « tactiques de combats » pour la communication et le théâtre politique.
• Plaidoyer pour le pragmatisme contre l'idéologie : L'auteur loue le « pragmatisme » de figures comme D. Trump, dont le slogan pourrait être « Faites des affaires, pas la guerre ». Il appelle l'Europe à abandonner sa « posture actuelle » et à rechercher un compromis réaliste, ménageant les intérêts russes.

IV. Contradictions et faits erronés

Les commentaires de Akhenaton56 sont parsemés d'affirmations qui minimisent la puissance ou la réussite ukrainienne, tout en exagérant la résilience et la supériorité russe, parfois en s'appuyant sur des sources contradictoires ou en déformant des faits.

• Biais et sélectivité des sources : Bien qu'il cite des enquêtes du NYT pour accuser l'Ukraine de false flag (Kostiantynivka) ou des Kyiv Independent War Notes pour souligner les difficultés ukrainiennes, il rejette l'information des « médias mainstream » européens qu'il juge unis dans un « bourrage de crâne » en faveur de Kiev.
• Forces et pertes sur le terrain : Il minimise l'efficacité ukrainienne en Mer Noire, qualifiant leurs succès de « piqures d’épingle ». Il affirme que l'Ukraine a perdu la bataille des drones au profit de la supériorité russe, tant quantitative que qualitative, tout en notant ailleurs que les Russes progressent lentement. Il conteste les chiffres ukrainiens sur les pertes russes et s'inquiète des pertes ukrainiennes massives dues aux stratégies d'attrition.
• Géographie et faits techniques douteux : Il met en doute la crédibilité d'un vol d'avions russes dans l'espace aérien estonien, s'étonnant qu'un appareil volant à Mach 3 ait mis 12 minutes pour survoler une petite île. Il minimise la nature de l'Ukraine, la décrivant comme un État « composite » et un produit de « métissage de cultures », niant l'idée d'une identité ukrainienne unique.

V. Commentaires/positions les plus odieux

Certains des commentaires de Akhenaton56 franchissent la ligne de la simple analyse biaisée pour s'inscrire dans une rhétorique particulièrement cynique ou déshumanisante.

• Justification du cynisme et appel à la désobéissance : Akhenaton56 critique ouvertement l'engagement patriotique des Ukrainiens. Il qualifie de « fadaise de sergente recruteuse » l'idée de s'engager pour un avenir prévisible, suggérant que le mieux pour un jeune Ukrainien serait de « rester chez lui en attendant que l’orage passe ».
• Minimisation des souffrances et déshumanisation : Il suggère que le récit de la famine en Ukraine (Holodomor) a été manipulé pour servir la propagande nazie. Il réduit la population civile à des « victimes collatérales » et légitime l'utilisation par l'armée ukrainienne de civils comme boucliers humains en installant des bases militaires dans des lieux civils.
• Normalisation de l'autoritarisme russe : Il justifie les restrictions à la liberté d’expression en Russie comme étant normales pour un pays en guerre, et critique l'Ukraine pour sa propre répression interne contre les opposants.
• Promotion de la capitulation : Akhenaton56 se positionne fermement en faveur d'une paix négociée qui entérinerait les pertes territoriales et la neutralisation définitive de l'Ukraine, arguant que le refus de Kiev de négocier est un « jusqu’au-boutisme » qui ne fait qu'ajouter aux souffrances du peuple. Il insinue que les conditions imposées à l'Ukraine en cas de défaite seront d'autant plus dures que le conflit aura été prolongé.