I. Éléments biographiques que T Debout a laissé transparaître

T Debout révèle quelques bribes d'informations personnelles, bien que cela contredise souvent son rôle d'observateur extérieur. Il n'est pas russophone, mais insiste sur le fait que la connaissance du russe est nécessaire pour comprendre la miscibilité des pratiques linguistiques. Il avoue avoir du mal avec l'anglais lorsqu'il n'est pas sous-titré, notamment concernant les interventions de T Carlson .

T Debout a eu l'occasion de voyager dans l'ex-bloc de l'Est, se souvenant notamment d'avoir fait des voyages en Lituanie en 1993 et en Russie en 1994 après la levée du Rideau de fer. Il se positionne comme familier de la culture française et fait preuve d'une connaissance géographique, allant jusqu'à comparer la ville ukrainienne de Soumy à l'agglomération d'Orléans. Il exprime un intérêt pour la culture russe, mentionnant la poésie de Pouchkine et les Matriochka.

Malgré son ton souvent martial, T Debout se permet quelques remarques qui pourraient s'apparenter à de l'empathie, comme lorsqu'il exprime ses "Pensées pour Dima" et les familles déchirées par la mobilisation.

II. Apologie de la violence et des crimes de guerre

T Debout emploie systématiquement le registre de la justification ou de la normalisation lorsqu'il aborde les actions russes et, inversement, celui de la dénonciation des violences ukrainiennes/occidentales.

Il perçoit les bombardements russes sur les infrastructures énergétiques de l'Ukraine comme une "réponse" ou une "dissuasion" face aux frappes ukrainiennes. Il estime qu'il convient d'examiner s'il s'agit d'une "escalade" ou plutôt d'une dissuasion. Dans le contexte des frappes sur les raffineries russes par Kiev, il juge que la Russie s'offre le "luxe d'une désescalade" en bombardant au printemps plutôt qu'en hiver, revêtant ainsi V Zelensky des habits de la surenchère extrémiste.

T Debout normalise la sévérité du traitement des opposants en Russie. Concernant la condamnation de l'analyste français L. Vinatier pour des "griefs, sévères en temps de guerre" en Russie, il note que "L'Histoire a connu bien pire".

Il ne veut pas imiter les "hourra ! occidentaux" qui ont suivi le "massacre d'une fête de Noël entre soldats du Donbass russe" ou la décimation du haut-commandement de la marine russe en Crimée, percevant ces frappes russes en représailles comme une "dissuasion efficace".

Enfin, il critique vivement les Ukrainiens pour ce qu'il perçoit comme des crimes commis contre leur propre population ou en violation de la dignité humaine, comme l'assassinat d'un haut gradé russe (I. Kirilov) par Kiev, y voyant une "navrante perception des légitimités" de la part d'un pouvoir qui se dit civilisé.

III. Rhétorique et sophismes

La rhétorique de T Debout repose sur une inversion accusatoire systématique et un dénigrement constant des narratifs occidentaux.

1. L'Anti-Atlantisme/Anti-Globalisation : T Debout qualifie l'Otan et l'UE d'"impérialisme hors-sol", de "colonialisme euro-étasunien", et d'"exclusivisme atlantiste auto-proclamé 'globalisation'". Il accuse l'Occident de s'employer à imposer sa langue et sa monnaie, et voit dans l'action de l'Otan une "lobotomie sinistre de la pensée publique".
2. L'Aspiration à la Neutralité : Il prône la neutralité pour l'Ukraine (à la Suisse ou à l'Autrichienne) comme la seule voie de la paix, affirmant que le refus de cette neutralité est le "casus belli du conflit". Il considère que le choix de la non-neutralité garantit l'insécurité pour la Russie.
3. La Dénigrement des Figures Adversaires : Les dirigeants ukrainiens et français sont régulièrement attaqués. V Zelensky est un "saltimbanque", un "clown-boy", et un homme dont le soutien résiduel "ne s'en relèvera jamais" et finira "camisolé". E Macron est décrit comme un homme souffrant de "Napoléonite aiguë" ou se lançant dans une "guerre 'jusqu'au dernier volontaire européen'" sous la houlette des autres.
4. La Critique des Médias et de la Propagande : T Debout utilise l'expression "Union Orwelléenne" pour décrire l'Europe qui décrète que "La démocratie c'est l'arrêt des élections" ou que "L'humanisme c'est traiter d'orque le voisin". Il dénonce le "chœur des rusés décodeurs" et la "propagande ukrainienne [qui] n'a rien perdu de sa vantardise ni gagné en honnêteté".

IV. Contradictions et faits erronés

T Debout soutient des affirmations qui contredisent le consensus factuel occidental, les présentant comme des réalités ignorées ou déformées par la propagande.

Il affirme que Moscou n'avait pas revendiqué l'annexion des oblasts de Kherson et Kharkov au début de l'Opération Spéciale (OpSpé). Le retrait russe de ces régions n'était pas dû à une déroute, mais à une stratégie de repli calquée sur les revendications sécessionnistes du Donbass.

Il minimise les pertes ukrainiennes et gonfle les siennes, affirmant que le président Zelensky aurait avancé le chiffre de 31 000 soldats ukrainiens tués, un chiffre qui lui paraît invraisemblable. Il juge que ce chiffre est une preuve de l'effondrement psychologique ou de la malhonnêteté du dirigeant ukrainien.

Il défend la constance de l'objectif stratégique du Kremlin, qui serait d'interposer "entre la Russie et l'Otan la neutralité d'une Ukraine ne choisissant pas son camp". Il soutient que la Russie, malgré sa prétendue faiblesse économique ("PIB 'Espagnol'"), ne cherche pas à envahir l'Europe.

Concernant les bombardements, il affirme que la frappe sur Kryvyi Rih pourrait ne pas avoir causé de victimes civiles directement par le missile russe, mais plutôt par la "retombée en zone urbaine d'un autre missile, ukrainien, de DCA".

V. Commentaires/positions les plus odieux

Les positions les plus controversées de T Debout concernent l'ethnicité et la justification des actions militaires russes au nom de la protection des populations russophones.

T Debout avance que ce qui s'est déroulé en Ukraine est un "grand nettoyage ethnique de ses russophones", qui inclut l'envoi forcé sous les bombes adverses. Il affirme que cette politique ukrainienne est constitutive d'un crime de "génocide" qui a justifié l'intervention de V Poutine et le soutien de ses compatriotes.

Il considère que l'interdiction de l'usage du russe, langue ancestrale pour des millions de personnes, est une "atteinte plus grave à l'ordre international" que l'intervention de la Russie.

T Debout attaque frontalement le statut de héros attribué aux figures ukrainiennes. Il dénonce le fait que des statues de Stepan Bandera soient érigées, accusant l'Ukraine d'honorer ouvertement Bandera, un "incontesté collaborateur du IIIème Reich". Il associe les nationalistes ukrainiens au "nostalnazisme" et au "nationalisme hérissé".

Il déshumanise les combattants ukrainiens, critiquant l'usage de termes comme "orques" pour qualifier leurs voisins slaves, et s'inquiète du sort des conscrits en Ukraine qui risquent de revenir "en morceaux" du front, ou d'être "bussifié[s]" (enrôlés de force).